Silence, on lit ! — Saint Jean Hulst - Versailles - Établissement privé catholique d’enseignement sous contrat avec l’État

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Saint Jean Hulst - Versailles - Établissement privé catholique d’enseignement sous contrat avec l’État

Établissement privé catholique d’enseignement sous contrat avec l’État

Silence, on lit !

Silence, on lit !

En plein cœur de l’après-midi, quinze minutes avant la récréation, retentit une sonnerie inhabituelle. Elle sonne certes la fin du cours, mais elle ne déclenche pas le grondement tonitruant des chaises qui reculent, ni les cris de tous les élèves qui se ruent en même temps sur la cour. Bien au contraire, le silence se fait, immédiat, absolu. Elèves, professeurs, surveillants, secrétaires, directeurs, tous ouvrent un livre et se plongent dans sa magie.

Mis en place à la rentrée, ce projet veut rappeler l’importance du silence et de la lecture dans un monde qui court toujours – trop vite d’ailleurs – après le temps et le mirage de l’utile.
Il n’est peut-être pas vain de rappeler les bienfaits de la lecture.

C’est d’abord une vraie distraction : en lisant nous ne pensons qu’à une chose à la fois et nous oublions vite les morosités du quotidien. « Je n’ai jamais eu de chagrin qu’une heure de lecture n’ait dissipé. » Montesquieu a jeté le premier les bases de ce que l’on appelle aujourd’hui la bibliothérapie. Lire est le remède contre le stress, la meilleure des méthodes de relaxation. Certains scientifiques arrivent même à démontrer son rôle contre les maladies dégénératives…

Mais plus qu’un dictame, la lecture élève notre âme, aiguise notre intelligence et facilite nos raisonnements. Elle nous ouvre au monde, à un « monde enchanté », comme disait Mauriac. En nous dévoilant l’homme, sa grandeur et ses zones d’ombre, ses tiraillements, ses souffrances, son appétit de bonheur, la littérature démultiplie les expériences qui nous enrichissent et nous transforment. C’est aussi, et c’est peut-être là sa vraie valeur, une école de patience et de fidélité qui nous invite à passer jusqu’à un mois, voire plus, avec des personnages qui peuvent parfois nous agacer ou nous déranger, mais que nous apprenons toujours à aimer. La lecture favorise au plus haut degré la bienveillance et l’indulgence, élève un rempart à tout jugement hâtif, radical, péremptoire. Gageons que ce quart d’heure offert à la culture de l’esprit procurera à tous le même « plaisir divin » qu’au petit Marcel, énervé qu’on lui demande de fermer son livre pour venir déjeuner.

 

 

Philippe Roger
Professeur de Lettres